
Regroupant près de 120 000 œuvres de toutes périodes historiques et origines géographiques, les musées de Marseille s’engagent depuis plusieurs années dans l’analyse rétrospective de leurs acquisitions et une approche critique du contexte historique dans lequel furent intégrées une partie de leurs collections, aujourd’hui devenues un patrimoine collectif, parfois sources de questionnements parmi les citoyens.
L’exposition Aden-Marseille interroge ainsi le parcours d’une trentaine d’œuvres provenant du Yémen, offertes à la cité phocéenne au tournant du XXe siècle par la Compagnie des Messageries maritimes et par la famille Riès, négociants spécialisés dans le commerce du café. Elle propose de retracer l’histoire des liens et des circulations entre les deux villes-ports au travers de regards multiples et pluridisciplinaires et de mettre en avant la diversité des interactions humaines, au-delà des relations purement économiques. Elle s’attache également à montrer la dimension européenne de ces mouvements d’œuvres sur fond de rivalités mais aussi d’entraide entre acteurs.
Cette exposition souhaite rappeler l’immense richesse de la culture et de l’histoire de ce territoire situé au carrefour de grandes civilisations.
Exposition dans le cadre d’un partenariat avec le musée du Louvre.
Partenaires de longue date, la Ville de Marseille et l’Établissement public du musée du Louvre franchissent une nouvelle étape dans leur coopération en co-organisant une exposition inédite dédiée aux relations entre Marseille et Aden, deux villes portuaires aux destins entrecroisés. Présentée au Centre de la Vieille Charité du 21 novembre 2025 au 29 mars 2026, cette exposition s’appuie sur un partenariat scientifique ambitieux et une mise en valeur exceptionnelle des collections archéologiques conservées à Marseille et au Louvre.

Yémen, Statue de taureau, 8e s.- 7e s. av. n.è., albâtre, Marseille, Musée d’archéologie méditerranéenne, en dépôt au musée du Louvre, Paris © Musée du Louvre / Raphaël Chipault
Ce parcours riche et documenté s’appuiera sur une vingtaine d’œuvres yéménites, offertes à la Ville de Marseille au tournant du XXᵉ siècle par la Compagnie des messageries maritimes et la famille Riès, négociants spécialisés dans le commerce du café à Aden. Ces pièces dialogueront avec des artefacts et archives prêtés par le musée du Louvre, ainsi que d’autres prestigieuses institutions internationales, parmi lesquelles le British Museum (Londres), le Kunsthistorisches Museum (Vienne), le Vorderasiatisches Museum (Berlin), le Musée Arthur Rimbaud de Charleville-Mézières et plusieurs collections privées.

Thana Faroq, Imagine me like a country of love, 2025, photographie © Thana Faroq
En plaçant Marseille et ses musées au cœur du récit, l’exposition met également en lumière le rôle du port méditerranéen dans les échanges commerciaux, scientifiques et diplomatiques des XIXᵉ et XXᵉ siècles. Elle souligne la richesse et la complexité des circulations d’objets et d’imaginaires, tout en interrogeant le contexte historique et éthique de la constitution des collections publiques.

Pascal et Maria Maréchaux, Plateau du Djol, vers 2006, photographie © Pascal et Maria Maréchaux
La présence de Marseillais à Aden dès les années 1870 - favorisée par l’ouverture du canal de Suez - sera particulièrement explorée, tout comme celle des Yéménites qui, au fil du temps, se sont installés à Marseille. Des témoignages et créations d’artistes yéménites vivant aujourd’hui dans la cité phocéenne viendront prolonger ce récit au présent, soulignant la vitalité des liens qui perdurent entre les deux communautés et la richesse du Yémen durant la période préislamique.

Camille Bourget, Déchargement d’un cargo, vers 1900, huile sur toile, Marseille, CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence (CCIAMP) Marseille, CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence (CCIAMP) © La Collection

Nasser Al Aswadi, Alphabet sudarabique, 2023, sculpture en inox, Paris, musée de l’Institut du monde arabe, donation Claude & France Lemand © Musée de l’IMA / Nasser Al-Aswadi
À travers cet évènement, le Centre de la Vieille Charité confirme son rôle de lieu d’excellence pour la recherche, la conservation et la médiation autour des patrimoines mondiaux.
Cette exposition rappelle aussi l’urgence de la préservation du patrimoine culturel, aujourd’hui gravement menacé par les conflits au Yémen, et célèbre la richesse de la civilisation sudarabique, en particulier celle du royaume de Saba.

Yémen, Fragment d’un bas-relief figurant une déesse tenant des épis de blé, 1er s. - 3e s. n.è., albâtre, Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRMN / Raphaël Chipault
Commissariat général :
Ann Blanchet, Conservatrice en chef du patrimoine au sein des Musées de Marseille
Juliette Honvault, Chargée de recherche à l’IREMAM, AMU - CNRS
Marianne Cotty, Conservatrice du patrimoine département des Antiquités orientales au musée du Louvre