...et seulement un siècle avant que Serge Assier ne vienne au monde Nièpce inventa la photo. Avec quelle précision l'ancêtre décomposa l'action de la lumière, hissé sur une fenêtre du Gras. Assier, lui, compose grâce à l'action de son talent. Avec quelle audace Nièpce se servit de la vapeur d'iode, la drogue des élégantes. Actuellement, elles préfèrent la vulgarité sans héroïsme de l'héroïne.
Avec quelle clairvoyance Serge, les yeux grands ouverts, se drogue aujourd'hui à la photographie entre le quotidien et le firmament.
Mal vus et dans l'ombre, d'autres ancêtres en ligne directe de Serge, alchimistes et chimistes de la fin du xviiie siècle, les Scheele et les Ritter, découvrirent l'impact de la lumière sur le chlorure d'argent. Et sur le nitrate du même métal. Miracle argentique qu'Assier renouvelle au début du nouveau millénaire, ivre des jardins perdus où tremble le rêve et gronde la fureur.
Fernando Arrabal, extrait de Serge Assier ivre des jardins perdus Où tremble le rêve et gronde la fureur, in Le Cahier du Refuge 218, décembre 2012