C'est l'un des plus beaux musées consacrés aux arts premiers après le Quai Branly à Paris. Le MAAOA, trop discrètement abrité sous les arcades de la Vieille Charité, vaut la peine d'être (re)découvert, d'autant qu'il s'est offert pour ses 20 ans une rénovation de ses salles et accueille une nouvelle collection exceptionnelle : "Parures de plumes amérindiennes".
Pour la première fois exposée au public, cette collection a été léguée au Musée par Marcel Heckenroth, ancien médecin-chef des troupes coloniales en Guyane."Un jour, un vieux monsieur m'a appelé en me disant qu'il voulait nous faire un don", raconte Marianne Sourrieu, directrice du MAAOA. Lorsque je me suis rendue chez lui et qu'il a ouvert son coffre, ça a été l'émerveillement."
Marcel Heckenroth avait en effet soigné les populations qui vivent le long du fleuve de l'Oyapock pendant trois ans, de 1939 à 1942, et collecté leurs parures. Ce médecin marseillais a aujourd'hui disparu. Mais son témoignage et ses carnets de voyage ont servi aux anthropologues de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) pour monter cette exposition et son catalogue.
Dans sa collection se trouve notamment une superbe coiffe olock : ses plumes proviennent d'une quinzaine d'espèces d'oiseaux, le travail de ligaturage est particulièrement fin, et des scarabées brillent au bout de l'un d'elle, accrochés en "pompon". "Les Amérindiens Wayampi (Guyane) utilisent ces coiffes pour des rituels comme le passage à la puberté", poursuit Marianne Sourrieu.
Outre les parures du Dr Heckenroth, la salle Amérique comprend aussi les célèbres crânes jivaros, crânes trophée des tribus ennemies. Mais aussi des manteaux de plumes, des personnages en pâte végétale, des masques et parures actuelles de l'île de Malakula récemment achetés par le musée. Un voyage passionnant, qui se poursuit vers d'autres ailleurs dans les deux autres salles du musée, "Afrique" et "Mexique".