Avec "Visions Huichol", le MAAOA (Musée d'Arts Africains, Océaniens et Amérindiens) nous convie à un voyage au sud-ouest du Mexique, pays des Indiens Huichol, où l'art contemporain et les rites religieux se croisent pour donner naissance à un univers graphique puissant et original.
Depuis plus d'un siècle, les Indiens Wixaritari - ou Indiens Huichol - sont célébrés pour leurs exceptionnels talents d'artistes.
Dans d'innobrables lieux de culte, ils apportent aux dieux des offrandes diverses - tissages, coupes décorées de perles, tablettes votives - d'un extrême raffinement.
Dans la seconde moitiè du 20e siècle, ces objets rituels ont inspiré des oeuvres d'art contemporain, notamment des célèbres tableaux de fils, aux couleurs vives et aux formes énigmatiques.
Souvent appelées "Nierika" (objets pour voir), ces oeuvres uniques rapportent des expériences visionnaires, résultats d'état modifiés de conscience obtenus par l'ingestion du peyotl, sorte de petit cactus aux fortes propriétés psychotropes. Pour les Huichol, ces visions sont un don des dieux et les tableaux qu'ils en tirent de véritables miroirs des dieux.
Sur des rectangles de bois (recouverts au préalable de cire), ces tableaux sont réalisés avec des fils de laine aux couleurs vives qui dessinent des formes naïves mais énigmatiques.
Parmi les éléments ou personnages récurrents, on y retrouve notamment le fameux peyotl, le maïs, symbole de fertilité et d'agriculture et le cerf, sorte de demi-dieu qui permet de rentrer en contact avec les ancêtres.
Cet art relativement jeune mais extrêmement créatif valut rapidement, aux artistes Huichol, une réputation internationale. Certains d'entre eux font le bonheur des collectionneurs et des musées internationaux. On peut citer notamment José Benitez Sanchez et Ramon Medina, les premiers artistes-chamanes à transformer les "nierika" cérémoniels en oeuvres de mémoire.
Commissaire de l'exposition (avec Marianne Pourtal Sourrieu), l'ethnologue Michel Perrin a consacré une grande partie de ses travaux à faire découvrir la fascinante histoire du chamanisme, des mythes, des rites et de l'art Huichol qui sont indissociables.
L'exposition mêle des pièces issues de la collection d'art populaire mexicain léguée au MAAOA par François Reichenbach et des oeuvres prêtées par des musées prestigieux comme le Musée du Quai Branly à Paris, le Museum d'Histoire naturelle de New-York, le Musée de L'Homme de San Diego, le Musée des Beaux Arts de San Francisco, Le Fowler Museum de Laos Angeles. Enfin, plusieurs oeuvres sont issues de collection privées.
Un cycle de conférences (en entrée libre) est organisé, au Musée d'Histoire de Marseille (auditorium) :
- samedi 13 septembre (16h30) : "De la vision à la création, les tableaux de fil des Indiens Huichol" par Michel Perrin, directeur de recherche au CNRS, Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France et auteur de l'ouvrage "Visions Huichol, un art amérindien du Mexique" (Editions Somogy, 2014).
- vendredi 14 novembre (18h30) : "Wawi Liuki, "la parole qui lie" : thérapie, mémoire, pouvoir. Le chant du chamane, vecteur de l'identité chamane" par Denis Lemaistre, docteur en anthropologie, Ecole des hautes études en sciences sociales.
- jeudi 11 décembre (18h30) : "Le nierika des Huichol : un art de voir" par Olivia Kindl, docteur en ethnologie, Université Paris X-Nanterre, enseignant-chercheur au Colegio de San Luis (Mexique).